Si l’artisanat du Maroc est ancestral, c’est à partir des années 2000 que se sont mis en place des coopératives, des entreprises et mono-artisans pour faire valoir cette richesse nationale. La production concerne deux secteurs distincts, à savoir : les produits destinés à tous les besoins quotidiens de la population et les produits destinés aussi bien au marché intérieur qu’à l’export, dont tous les articles dédiés notamment à la décoration. Le secteur de l’artisanat au Maroc est divisé en filières, on y retrouve ainsi : la décoration, la dinanderie, la poterie, les tapis, le cuir, le tissage, le fer forgé, les bougies, l’ameublement… Ce secteur concerne aussi l’architecture traditionnelle, l’habillement et tous les produits du terroir dont les cosmétiques, le safran, les huiles essentielles, l’huile d’Argan, l’huile de figue de barbarie, les épices, etc. Quand on aborde l’artisanat au Maroc, on ne peut donc passer à côté de l’artisanat berbère marocain, qui, de générations en générations, a pu faire valoir un savoir-faire somptueux. Par ailleurs, les créations artisanales pour certaines mettent en avant les influences orientales et arabo-andalouses ou hipano-mauresque. Les bijoux sont aussi comme les tapis, on peut distinguer les bijoux citadins et les bijoux ruraux, les artisans sont généralement regroupés par quartiers, et ce, pour toutes les villes du Maroc.
Pour le nord du Maroc, Tétouan et ses influences andalouses qui font valoir l’art hispano-mauresque. La poterie et le bois sont particulièrement travaillés dans cette ville. Le bois est recouvert d’un enduit spécifique, des motifs sont ensuite peints et vernis, de même la poterie fait valoir des motifs simples, plutôt géométriques, les couleurs employées sont souvent le rouge, le jaune, le bleu et le vert.
Toujours dans le nord du Maroc, la ville de Tanger, est plutôt la ville où l’innovation des potiers se fait valoir. Inspirés par d’autres villes, les potiers de Tanger donnent ainsi des pièces à part souvent décorées de motifs floraux ou en forme de plumes. Le zellige fait valoir des motifs contemporains et les géométries berbères.
Après Tanger en direction du sud, la ville de Rabat abrite un centre artisanal important. Le tapis « r’bati » reste la production artisanale la plus importante et la plus sollicitée dans cette région, ces tapis sont à dominante rouge, ce sont les tapis citadins marocains qui constituent le fleuron de cette ville. La broderie et ce travail féminin est également réputé.
A proximité de Rabat, la ville de Salé offre aussi de très belles céramiques réalisées à base de terre à briques, d’argile blanche et terre d’alluvions, pour ces réalisations les potiers utilisent trois fours à bois, l’un sert aux briques, un autre à la céramique et le dernier pour de la poterie utilitaire. On appelle les poteries de Salé les poteries slaouis. Les couleurs sont discrètes, les formes sont sobres, le plus souvent le contour des motifs est gravé. La vannerie tient aussi une place importante, l’osier, le rotin, le jonc sont travaillés pour donner de très jolis articles artisanaux. Enfin, Salé produit aussi une broderie monochrome qui utilise généralement très peu de couleurs.
À Casablanca cette fois, la capitale économique du Royaume, on trouve également de nombreux corps de métiers dédiés à l’artisanat, même si la ville est la plus industrielle du Maroc. Ainsi par exemple, les tapis de Médiouna de la région, qui ressemblent aux tapis de Rabat, se sont aussi fait un nom !
L’artisanat de Fès, est l’un des plus florissant du Maroc et notamment pour la création artistique. La faïence, bleue ou polychrome, sur fond blanc fait toute sa réputation. La céramique émaillée et vernie qui a sur au fil du temps sans cesse évoluer, connaît une réputation sans faille et ce, hors frontières du Maroc, les œuvres d’art de Fès font la renommée de la ville dans toute l’Afrique du Nord. La dominante bleu de cobalt est la particularité distinctive. Non loin de Fès, dans les zones plus rurales, des artisans travaillent aussi le tissage et la vannerie, les objets faits en roseau aussi.
Meknès détient la renommée de cité impériale à l’artisanat de qualité et très fin dans divers domaines, ceux de la broderie, de la damasquerie, dinanderie, maroquinerie, sculpture sur bois, céramique, et tissage. La broderie est réputée, très inspirée de celle de Fès, les couleurs divergent de même que les points utilisés. Les orientaux restent maîtres dans l’art du damasquinage qui consiste à incruster des fils lisses ou torsadés d’argent, d’or, de cuivre dans le métal, ce sont des objets décoratifs surtout qui font valoir cet art.
Azrou, son tissage et travail du bois ont connu une expansion importante. Cette petite ville au croisement des routes de Fès, Meknès, Khénifra et Midelt dispose d’une coopérative artisanale réputée. Les tapis Beni M’guild réalisés par la tribu Sanhaji, tissés avec de la laine brune ou noire et noués très spécifiquement, offrent des tapis de qualité. Les motifs sont souvent géométriques, le losange est très utilisé, les bandes et les damiers, de même, des couleurs plus vives sont aussi utilisées par d’autres tribus de la région. Pour la sculpture d’objets en cèdre, en acajou ou en noyer, les artisans de cette région sont les pionniers des genres…
La ville ocre, la belle Marrakech offre aussi tout un panel de métiers très variés d’artisans très doués. La réputation des artisans de Marrakech dépasse les frontières du Royaume, et ce, surtout pour les domaines de la maroquinerie (d’anciennes tanneries traditionnelles sont toujours en activité dans la médina), de la dinanderie et des tapis. Les peaux et les cuirs et surtout les tanneurs qui travaillent ces matières offrent des produits de qualité et souvent très originaux dans leur conception. Les cuirs sont teintés à base de safran pour le jaune, de coquelicot pour le rouge, d’indigo pour le bleu et antimoine pour le noir. Les vêtements et la bagagerie sont très prisés. Les babouches, les poufs ne sont pas en reste. À Marrakech, c’est le travail des tribus Glaoua et Sektana qui est mis en avant. Le tissage et notamment celui de Chichaoua, petite ville entre Marrakech et Agadir est très connu aussi. La dinanderie de Marrakech tous comme les artisans réputés de Fès en ce domaine utilisant les mêmes techniques, le travail s’articule autour du cuivre, de l’argent, maillechort. L’artisanat de Marrakech est vraiment riche, car c’est un grand carrefour de tout ce que nous pouvons trouver au Maroc, toutefois la ville a aussi ses spécialités dans le travail de la feuille de palmier (chriite, doum), les mosaïques, la poterie, tadelakt et la céramique en général.
L’artisanat de la ville de Safi est très connu pour ses nombreuses poteries. Cet art, propose des pièces qui utilisent aussi la polychromie, c’est pourquoi, on considère la poterie de Safi comme une variante de la poterie de Fès…
La ville d’Essaouira, est réputée pour ses bijoux et pour sa marqueterie en thuya. Dans l’antiquité déjà et à Rome les tables d’Essaouira étaient renommées. Les incrustations des artisans ébénistes pour la marqueterie sont réalisées à base de bois de thuya, de citronnier, acajou, bois brûlé, ébène de Madagascar et noyer. Certaines pièces proposent des ajouts de fils de cuivre ou d’argent, voire aussi du nacre.
Agadir est réputée pour ses bijoux berbères, non loin avec les villes de Taroudant, Tiznit et Immouzer, les bijoux en argent, en bronze, offrent de très belles pièces. Les bijoux peuvent être sculpés à la main, coulés à la cire perdue, d’autres sont moulés. produisent aussi de belles pièces en argent. Les autres pièces en bronze sont également d’une grande pureté de lignes.
Les fibules Chtouka font la réputation de la ville de Tiznit.
Non loin du désert :
Ouarzazate propose de jolis tapis “Ouzguitas” des ouvrages colorés réalisés par différentes tribus dont les Ait Ouaouzguite, des Ait Ouaya, Ait Tidili, Ait Abdallah, Ait Semgane, Ait Zenaga, et encore bien d’autres… C’est la laine prélevée sur les moutons de race Aït-Barka, ce sont des tapis légers dotés de dessins géométriques qui utilisent souvent comme couleurs, le bleu et le jaune vif.
La poterie de Tamegroute, vers Zagora, avec son vert et ses ocres bruns très particuliers, ces pièces brillantes et légèrement dentelées, est également réputée dans le monde entier. D’ailleurs, à Tamegroute, les potiers de la région conservent encore tous leurs secrets.